A sort of count of Monte Cristo
C'est comme si je sortais d'une longue période de convalescence. Je ne me sens pas encore complétement remise. Ma blessure n'a pas encore bien cicatrisé, si toutefois elle le peut. Car ce genre de plaie malheureusement vous marque à vie d'une cicatrice. Invisible la cicatrice ? Pas tout à fait. Elle ne se voit pas à l'oeil nu, mais se constate dans mes actes. Je me vois cassée, un peu boitante, j'ai du mal à marcher, à fonctionner correctement dans ma tête, à me sentir complétement libre. Je suis emprisonnée dans des souvenirs, traumatismes d'enfance, desquels je ne parviens pas à m'émanciper. J'ai des reflexes agressifs, autant pour moi que pour les autres, une sorte d'instinct sauvage que je ne maitrise pas toujours. Ce sentiment de repli sur soi, malgré mes efforts. Mon coeur à vif commande à mon corps de se recroqueviller sur lui même pour le protéger et de se mettre à l'abri, dans un coin sombre. J'ai de la colère en moi, contre eux, contre moi. Je ne sais pas ce qui me fait le plus mal, mes réactions futiles et infantiles que je ne peux pas contrôler, ou les leur, que je hais. Comment se défaire d'un schéma dans lequel on semble ancré à vie, condamné à le répéter chaque fois qu'un contexte y est propice ? Je ne parviens pas à me défaire de mes conditionnements, à me sortir de la tête de cette rancoeur, de cette jalousie qui m'étouffe. Elle me prend au cou, et je ne cesse de me débattre, mais je ne sais plus où trouver les ressources pour continuer mon effort. Je me sens brumeuse, ombrageuse, mon coeur sous un gros nuage noir qui fait ressortir mes défauts. Je suis contagieuse semble t il. D'ailleurs, j'ai bien peur que les autres ne voient qu'eux, mes défauts. Mais je sais que mon manque de confiance en moi est là au tournant qui m'attend, prêt à allonger le pied pour me faire tomber. Je vois déjà la scène au ralenti : je freine et je vois le mur se rapprocher lentement de moi.
Il faut que je trouve le moyen de tourner ce putain de volant.